Mercredi 12 : Manche 1 :

Lors du petit déjeuner, les pilotes craignaient encore les 30km/h de vent annoncés par les balises environnantes alors que les organisateurs semblaient plutôt sûr de leur coup. Ni une ni deux, tout le monde dans les navettes pour rejoindre Sederon, avec la possibilité de rejoindre Laragne.

Finalement, nous montons au décollage de Bergiès (au dessus de Sederon), le nord alimente la pente, les brises se mettent en place et les vautours sortent les premiers thermiques pendant que le comité de pilote compose la manche.

Une première de 69km est lancée puis modifiée pour atteindre les 90km. Des zig zag sur la crête du décollage, une balise plus technique au nord et un goal à Laragne.

Les conditions s’installent, le vent baisse et pourtant, j'ai l'impression que personne n'y croit. Avec l'expérience récente de mes dernières compétitions, je me suis fixée une regle, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige... A partir du moment où on est sur un décollage, c'est pour faire une manche... Une manche courte, longue, fatigante, inintéressante, plus que chiante... Peu importe, je suis la pour voler, alors j'y crois et l'incertitude du vol n'existe pas.

Me voila donc fin prête, les balises entrées dans mes gps, mon camelback branché, mes pom’potes rangées, des cuisses fébriles et un mental un peu fragile.

Je redoute le manque de vol en conditions fortes et l'usage du barreau à travers la turbulence, les rares vols réalisés à Sederon avec du Nord m'ont laissés quelques souvenirs... impérissables. Si ce n'est ce manque de confiance en mes capacités, je note peu de stress lie à la compétition, à la production d'un quelconque résultat. Et ca c'est quelque chose de nouveau. Ce qui est dû, je pense, d'une part à ma performance en Colombie lors de la super finale ; je n'ai plus rien à prouver, aux "autres" mais surtout a moi même, je sais que j'ai ma place a ce niveau et c’était important pour moi de le savoir.

Et d'autre part à ma sélection en championnat du monde, ce qui change ma représentation des différentes compétitions. Cela ne veut pas dire que ca dévalorise un championnat de France ou une PWC, mon engagement reste inchangé, mais les enjeux sont moindre et ces deux compétitions peuvent être considéré comme un entrainement, elles me permettent de valider ma préparation, de tester un changement dans ma routine, etc...

Je décolle donc a 13h pour un START 1 heure plus tard, avec comme simple objectif une remise en jambe après tout ce temps sans compétition, afin reprendre confiance lors d'une manche correcte n'engageant rien au niveau des points.

Objectifs réussis, même si j'ai utilisé bien plus d'énergie que ce que j'aurais pu estimer.

Dés le start, deux options se dessinent pour sortir des 8km autour du décollage et rejoindre la seconde balise. Un groupe décide de traverser la vallée pour se placer de l'autre cote du rayon, un second, dont je fais parti reste positionné sur la crête pour une option plus classique.

Une fois l'horaire passée, la course prend sa tournure habituelle, pour le plus grand plaisir de mes quadriceps...

Mon premier choix me remet de suite les idées en place... Un placement sur la face Sud d'une belle crête coiffée par un bon vent de nord... Il ne fallait pas s'attendre à autre chose... Une fois au plaf, le cardio à FC max, une demi-aile décrochée, les mains sous les fesses... j'ai pris une sage décision : Avant tout, je vais prendre soin de moi et soigner ce petit mental en volant haut, et doucement sur le barreau.

La suite de la manche se passe bien, fidele a mon post, je sens tout de même la fatigue me ronger. Je ne suis pas en meilleur conditions pour attaquer la difficulté de la manche, a l'avant dernière balise, le vent rend le passage d'un relief difficile, et la sortie d’une cuvette encore plus. Des cycles permettent a certains bien place de s'échapper pour les 15km restant. Pour ma part, je n'attends pas le cycle et me jette sous le vent... Une règle doit toujours pouvoir s'adapter, j'aimerais vous dire que cette décision était pleinement maîtrisé, même si cette option fut payante, j'ai dérogé à la règle sans même m'en apercevoir, la fatigue m'a englouti.

Je boucle en 9 position, satisfaite.

La glace du finisher !

La glace du finisher !

Jeudi 13 : Manche 2 :

Trop de fatigue empêche parfois le sommeil d'opérer, je suis donc partie sur cette deuxième manche sans vraiment avoir récupérer de mon vol de la veille.

Une manche de 74 km au départ de Soubeyran est lancée, avec un goal à Laragne après une traversée de la Durance.

Du sud, et de la brise pour une longue et difficile remonte face au vent. Au final 4 heures de vol éprouvantes, avec passages ou forçages de verrou, des conditions fortes mais me paraissant moins turbulentes que la veille. Temps d'adaptation ? Peut être... En restant sur ma stratégie, le vol haut permet un meilleur confort, physique mais aussi mental.

Je ne suis plus très loin du groupe de tête lorsque je claque la dernière balise, ils tirent droit sur le goal pour rentrer, je décide de faire une légère laisse de chien pour optimiser le final dos au vent... Mauvaise option ! Ils rentrent directement, je suis obligée de faire quelques tours de thermique dans la plaine pour être sûr de rentrer.. Ca aurait peut être pu passer, peut être pas. Et pour certains, plusieurs même, ce n'est pas passé.

Pas de regret donc !

Je boucle en 15ème position.

La pression n'a toujours pas fait son apparition, je continue sur cette lancée, en espérant une meilleure récupération.

Départ pour la traversée de la Durance.

Départ pour la traversée de la Durance.

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