Finale PWC 2015 : Manche 4

Je crois que cette manche restera longtemps gravée dans ma mémoire, quel vol, quel expérience. Ce soir, même si la performance n'est pas là, je suis contente de ce que j'ai réalisé aujourd'hui, contente du pilote que je suis devenue.

Mais pour commencer, je vais râler. D'abord parce que je suis une fille (il parait que les filles sont des râleuses..) et que je suis une française (râler est un sport bien français) mais surtout parce que la manche proposée était sans commentaire. 108km dans les hautes montagnes alors qu'un épais voile vient gêner la convection, voile bien visible à l'heure de briefing...

Enfin, une fois les balises rentrées dans les GPS, nous étions septiques mais prêts car il ne faut jamais dire jamais, on a tous déjà vu boucler des manches qu'on pensait impossibles.

La première balise est un rayon de 9 km autour du Volcan. Après le start où nous sommes perchés à 3700m, deux options se dessinent entre les montagnes et la vallée. J'attrape une bonne onglée et lorsque le sang revient dans les mains, je me mords les lèvres pour ne pas hurler. Après longue hésitation, je suis les plus nombreux dans la vallée et prend donc la mauvaise option. Nous enroulons des petits thermiques, avançons doucement. Le vol est usant, je ne suis pas en position dominante et enrouler dans le milieu de la grappe me tend.

Arrivé au dernier thermique avant la balise du volcan, nous sommes les pieds dans les sapins et la bulle est difficile à décrocher, ceux qui sont au dessus sortent soit la plupart alors que nous sommes une dizaine à rester dans la forêt. Nous avons attendu que le prochain cycle arrive, patiemment, dans des thermiques nous maintenant à la même altitude. Certains ont craqué, il y à quelque temps j'aurai peut être fait de même, d'autres sont passés à côté. Je me suis accrochée et le cycle à fini par arriver une quarantaine de minute après... A plus de 4000m, l'ambiance est indescriptible, entre euphorie, fierté et intense fatigue. Le lieu est magique, j'avais presque le sourire, je tirai même la langue au volcan.

Finale PWC 2015 : Manche 4

Ensuite il a fallu continuer le vol seule, dans la "nuit". La traversée du massif avec un passage de col à plus de 3300, certains y ont posés. J'espère qu'ils seront rentrés avant la manche de demain. Un dernier plafond m'offre une longue transition sur la 3ème balise, à 20 de finesse, je mange mes barres de fruit qui ont gelés. Je regarde mes instruments, des tâches rouges ? Mon nez a également a peu apprécier l'altitude..

Je commence à voir au loin des ailes en survie. Je passe la balise et use les dernières ascendances. Je me pose au km 66, à côté d'autres pilotes au milieu des enfants, heureuse d'être arrivée jusque là. Le meilleur, Luc Armant gagne la manche en faisant plus de 73 km.

Finale PWC 2015 : Manche 4

4 manches de courues et 4 manches de probables, nous sommes bien au milieu de la compétition. Un petit bilan s'impose, le temps de tirer les leçons de ce début de compétition et de mettre en place une stratégie. Il y a hypothétiquement 2 manches à discarder, je reste relaxe. Le titre va être difficile à garder car j'ai une concurrente de taille, Seiko Fukuoaka, ce qui relève le défi.
L'idée est avant tout de ne pas se laisser manger par le classement et de faire chaque manche comme si c'était la première.

A coup de 4 à 5 heures de vol par jour, la fatigue est là et la suite de la compétition va être un beau challenge. A demain!

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